Tard, il devait donc être près de nous. J’avoue
Tard, il devait donc être près de nous. J’avoue que je n’osais pas trop espérer ; je ne voulais Pas m’habituer à cette idée de délivrance prochaine dans la crainte d’une déception et je N’aimais pas disserter sur ce point. Le « freslon », je le savais, est un navire dont la machine ne bat plus que d’une aile et Il était permis de craindre qu’il ne fut pas parti de Mayotte ; or le « Freslon » ne faisant pas Le courrier, la nouvelle de notre perte pouvait encore être longtemps ignorée de nos amis des Seychelles. Mes tristes prévisions ne devaient pas se réaliser ; le secours devait nous venir d’un Autre coté que celui que nous supposions. Le 16 au matin en effet nous aperçûmes dans le Nord un navire à vapeur ayant le cap sur le « Dot ». Bientôt nous reconnûmes les couleurs Françaises et nous nommions le « Ducouedic », aviso que j’avais rencontré cinq semaines avant à Aden. A 8 heures le « Ducouedic » mouillait à ½ mille du brisant, un peu au-delà du « Dot ». Aussitôt après, une baleinière, montée par un enseigne et dirigée par un pilote des Seychelles, franchissait la passe Sud-Est du récif et venait accoster à l’endroit même où nous Avions établi notre demeure. Je te laisse à penser notre joie à tous ! A 11 heures arrivait notre ami Scios, Aujourd’hui second du « Ducouedic ». Il apportait l’ordre du Commandant de Penfentenyo D’avoir à nous embarquer immédiatement avec nos effets, le mouillage étant dangereux. Je T’assure que nous ne fûmes pas longs à terminer nos préparatifs. A 1 heure nous quittions Notre île et à 4 heures nous embarquions sur le « Ducouedic » où le commandant nous réservait Le meilleur accueil. Voici comment le « Ducouedic » était venu nous chercher. Le 2 janvier la frégate « La Clorinde » qui se trouvait alors à Mayotte, ne voyant pas arriver le « Dot » se décida à partir Pour les Seychelles, laissant l’ordre du « Ducouedic » qui était attendu de jour en jour, de Procéder immédiatement à notre recherche. Heureusement que la « Clorinde » rencontra elle-même le « Ducouedic » à Mahé. Le 14, celui-ci partait de Mahé et le 16 au matin, après avoir Exploré l’île des Roches, Marie-Louise, il nous découvrait sur l’île Alphonse. Après avoir relâché deux heures à St Jean de Nuova pour y déposer un passager, le « Ducouedic » arriva à Mayotte le 22. Nos amis nous croyaient perdus, ils supposaient que le « Dot » avait sombré dans un coup de vent qui, paraît-il, a régné dans ces parages à peu Près à l’époque où nous nous sommes jetés à la côte.